curriculum Luisa Figini - 1954 PARCOURS BIOGRAPHIQUE Luisa Figini a grandi dans la région de Chiasso, zone frontalière entre la Suisse et l’Italie. Elle a suivi la formation de Jacqueline Lerat à l’Ecole des Beaux-Arts de Bourges (1981-83) puis de Carmen Perrin à l’Ecole des Beaux-Arts de Genève (aujourd’hui Haute Ecole d’Art et Design), dont elle est artiste invitée de 2004 à 2007. En 1989 elle fait la rencontre de Rolando Raggenbass. Un dialogue intense et profond, chargé d’une grande richesse créative, s’établit entre les deux artistes. De 2002 à 2014 elle enseigne à la Haute Ecole Pédagogique (maintenant DFA-SUPSI) à Locarno; et de 2012 à 2019 au CSIA (Centro Scolastico per le Industrie Artistiche) à Lugano. Le travail de Luisa Figini s’articule autour de trois axes fondamentaux : l’objet, le corps et la relation. Les premières expériences sculpturales sont habitées par la passion de l’artiste pour la matière et pour l’acte de façonner. Les terres cuites, le fil métallique, les gazes, la fibre de verre donnent naissance à des formes concaves, convexes ou fendues par des fissures qui laissent percevoir un “dedans”, une intimité mystérieuse mais protectrice ; elles ponctuent l’espace ou l’enveloppent de leurs présences archaïques évocatoires (Contes d’un passeur de rivières, 1981, Fondo Comunale Carlo Cotti; Porta di Vento, 1992- 93, Bellinzona, Museo Villa dei Cedri). Depuis la moitié des années ’90, avec l’assemblage de matériaux organiques et inorganiques (cheveux, vessies et intestins animaux, cire, filets en fibres synthétiques) elle réalise des installations à fort impact sensoriel, tout en conservant une grande délicatesse : des stimulations tactiles, visuelles, olfactives mêlent l’évocation d’une vie larvaire ou en germination, à celle de la matière morte, inerte. Les travaux ultérieurs confirment ces orientations thématiques et les approfondissent. Avec « Bagage à main » (2014), installation axée sur le thème d’un possible trousseau funéraire contemporain, on aborde un univers sémantique dans lequel le rapport entre signifiant et signifié glisse et se dilate. L’objet se révèle expression d’un vocabulaire de la perte qui, partant d’un vécu individuel, prend une dimension poétique et offre une expérience existentielle. Dans un parcours axé sur l’être humain comme entité biologique, sociale, émotionnelle, articulée autour de la communication et de la relation comme conditions mêmes de l’être, la longue investigation sur le sommeil, entamée par l’artiste en 2011, introduit une réflexion sur la poésie comme lieu ultime de retour à un centre, à un absolu. Sommeil (2012) est une installation vidéo réalisée en collaboration avec le Laboratoire du sommeil de l’Hôpital Universitaire de Genève : des phrases extraites de récits des patients, mais aussi des citations d’écrivains et de poètes prennent valeur de vers énigmatiques et rythment les images des dormeurs agités qui se retournent, respirent, halètent ou ronflent dans leur lit. Le spectateur est immergé dans un cadre hospitalier légèrement anxiogène. Il perçoit les bruits naturels des corps abandonnés dans un sommeil qui ne se dévoile jamais totalement, et celui des machines qui tentent de lui en arracher les secrets. La dimension esthétique est déroutante : les corps endormis, enroulés dans les draps, évoquent des sculptures classiques aux drapés souples et dégagent, dans le froid du milieu médical, une beauté antique qui sublime l’expérience scientifique. L’installation vidéo « Aube » (2015) met en scène, avec une douceur ludique et en même temps un peu inquiétante, le rêve qui précède le réveil. Entre investigation systématique et introspection sensible, dans un monde toujours plus apoétique, la poésie se révèle être non seulement une forme de communication transgressive, mais la forme la plus haute de conscience. Paola Tedeschi, 2016. |